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"Bouh!"Le silence se fendit d' un rire cristallin s' échappant des lèvres de Blanche . Jaconde ne comprenait rien. Blanche était quelqu'un d'assez réservée et distante, il lui semblait donc impossible d'envisager qu'elle ait d'autres amis.
Séraphine, elle, je ne vais pas mettre de détails. Elle ne supportait même pas de la voir se faire effleurer, surtout par un si charmant homme.
"Alors comme ça, lança-t-elle ne quittant pas du regard Blanche, on a déjà oublié ?"
Emile se paralysa par tels propos, il n'était ni sot ni ignorant et jamais il n'y lui aurait traversé l'esprit de trahir Blanche par ce sujet si sensible. Quant à Blanche, elle, se dressa; droite dans ses bottes, confiante et sur la défensive.
Maintenant, il lui en est assez de son air hautain et dominant, chargé de mépris et de sarcasme noir.
Avec Emile à ses côtés, rien ne peut lui arriver. Elle se tourna donc vers Séraphine, celle-ci était stupéfaite devant tant de sévérité. Puis, comme choquée, elle se dirigea vers la porte située derrière les deux amis; sans tourner les talons et en guise d'au revoir, un écho de claquement d'aiguilles de talons. Emile ne put s'empêcher d'ajouter cette phrase tellement naïve mais insolente:
"Je crois qu'elle est fâchée."
Ce qui fit glousser Blanche. Le jeune garçon ria à son tour et plaça ses mains sous les aisselles de Blanche, qui s'éperdit en un rire des plus hilares.
Jaconde eût un sourire de ses fines lèvres et leur porta un regard plein de tendresse et de bienveillance.Elle était ravie qu'un autre homme puisse déjà atteindre un tel degré d'amitié avec sa fragile amie.
*
Aucun des trois n'accueillit de père de Blanche.Ils étaient au grenier et s'amusaient grandement,à chaque fois que l'un montrait un geste distrait et inapproprié au jeu qu'ils jouaient -un jeu de plateau que je dois avouer être plutôt enfantin- les deux autres pouffaient et s'en suivait des chamailleries des plus intelligentes.
Jaconde n'avait jamais vu son amie ainsi,si rayonnante et guillerette.Tout se déterminait dans son regard,c'était assez impressionnant.Quiconque aurait pu y lire de la confiance et de la béatitude.
Lorsqu'Emile fut devant Mr Dasnay,celui-ci lui lança avec méfiance: "Qui êtes-vous?
-Je suis un camarade de votre fille. Pourrais-je me joindre à votre table?"
Dans des paroles si courtoises,le père ne sut que réprimander si bien qu'il recula, mais presque à contre coeur, une chaise de la table, laissant trainer derrière elle le silence absolu.Durant le dîner,le viel homme demeura pensif et l'on entenda les cris de la cueillère cognant contre l'assiette,revenir comblée de potage et embarquer dans la bouche mollassonne du père.
Soudain,une question lui échappa:
"Depuis quand vous vous connaissez ?"
Comme ça, surgissant de nul part en un coup de vent improviste.
Emile, d'habitude gentleman s'esclaffa à la pensée de tous:
"Décidément,tes proches ont du mal à accepter que tu ais un autre ami!"
Apparemment, cela fit réfléchir l'adulte qui se fonda dans un éternel silence et l'on ne put décrire ses vastes pensées.
*
"Dring, dring!"
Son chien lui lécha le bout des pieds. Ca allait être encore une journée à évanouir sans son cher Elemy. Depuis qu'il n'était plus là,il y avait comme un gouffre dans son coeur.Deux longues journées venaient de se tracer sans lui; pour sonner à sa porte,l'aider à s'habiller, lui bontonner sa chemise,lui verser son chocolat chaud et aller lui chercher en courant un croissant aux mandes,sa viennoiserie préférée.La boulangère en conservait toujours un de côté pour elle.Puis il lui portait son sac de lundi de son épaule et lui tenait la porte d'entrée. Il sautait les marches deuc à deux,l'air guilleret et le bonheur béant à ses lèvres si délicatement parfumées au lila.
Ensuite,Blanche s'installait sur le porte-bagage du vélo de son amoureux,et il pédalait aussi vite qu'il pouvait, pour impressionner sa belle.Cette dernière riait aux éclats,flattée devant le front brûlant d'Elemy qui haletait d'effort.Blanche le serrait alors dans ses bras affectueux,toujours en riant comme une ivre;il redoublait donc d'effort.Ils étaient amoureux,et l'amour,c'est bien connu,ça donne des ailes jusqu'à atteindre ce petit nuage sucré que l'on ne veut plus quitter.
Soudain,son père la réveilla d'une secousse sèche, et sur le moment Blanche le haït d'égarer ces savoureuses pensées.Il avait appelé un taxi et elle devait se presser? Dans un premier temps elle se demanda pourquoi , mais n'eût pas le temps de maintes réflexions.On klaxonnait et s'impatientaient déjà dehors.
Ces cinq minutes pour se vêtir et engloutir deux biscuits comptèrent sans doute pour les plus courtes de sa vie.
Elle courra, un gâteau dans la joue et une brosse à cheveux dans la main.
Si seulement avait-elle su l'inconfort de prendre un taxi!D'ailleurs, cela l'exaspéra et,remontée contre le chauffeur jamais elle ne lui ferait la conversation.
"Place Wallstreet,si j'ai bien compris?" Personne ne répondit et après cela ils partirent direction les chaises d'écoele. Le chauffeur, lui, brûlait d'envie de parler à sa passagère mais celle-ci n'y prêtat pas attention. Ou plutôt, réfléchissait. Ce curieux personnage lui rappelait vaguement quelqu'un. Sa voix qu'il n'avait pas beaucoup usée était mésemblable de toutes, ou presque. Il lui fallait en entendre davantage pour en tirer des conclusions.
" 'Lors commas, 'n'est boudeuse? V'z'avez contrôle après?"
Là,ça ne pouvait qu'être concret. Cette vois à la fois repoussante et oppressante était une évidence. Heureusement,ils arrivèrent vite au lycée,et Blanche se hâta vers Emile qui lisait en haut du muret."Bonjour,Miss!"Cette autre voix lui déplissa les sourcils,le jeune homme ferma son livre.Un nuage d'ancienneté en sortit,cet air si gratifiant,incluant toute la vie de ce bouquin et son aventure.Cette odeur ressemblait à celle des bibliothèques, qui vous submerge d'allégresse.Emile s'adressa à Blanche: "Tu n'es pas venue en bus?"
Cela rappela de mauvais souvenirs à notre chère Blanche qui,sans répondre,s'en alla tête baissée à l'intérieur du lycée qui venait à peine d'ouvrir.